Partage d’expérience : projet Biomimétisme (Institution Jeanne d’Arc , Colombes)

, par Matthieu Remblière

Description du projet :

  • Construire une structure biomimétique originale répondant à un besoin dans la cour de l’établissement : ici un abri contre le soleil et la pluie en imitant la forme et la structure d’un dendromicrohabitat comme le champignon Amadouvier avec des éléments recyclés.
  • Organiser une vaste campagne de sensibilisation sur le biomimétisme dans l’établissement
  • Exposer les réalisations

Objectifs pédagogiques :

  • Sensibiliser à l’importance du biomimétisme et de la biodiversité ;
  • Observer, mesurer, expérimenter, créer, construire, travailler en équipe, communiquer
  • Donner du sens

Objectifs de développement durable :

Le biomimétisme est une méthode d’innovation qui cherche des solutions durables en imitant les modèles et les stratégies de la nature pour résoudre des problèmes humains. Il s’inscrit dans la démarche d’un développement écologiquement soutenable et économiquement rentable car le vivant est biodégradable, il est économe en énergie, il est technologiquement très performant, il utilise des ressources locales, il produit des matériaux à température ambiante, et coopère avec les autres êtres vivants. L’objectif du projet biomimétisme est donc de changer de perspective sur notre cohabitation avec le vivant, le biomimétisme introduit une ère basée, non pas sur ce que nous pouvons extraire du monde naturel, mais sur ce que nous pouvons en apprendre.

Plan d’action :

Phase de Diagnostic et de formation (octobre à janvier 2022)

  • Identifier les enjeux du biomimétisme au sein du périmètre sélectionné (dans la cour de l’établissement par les éco-délégués et les enseignants de SVT).
  • Formation des éco-délégués au biomimétisme par le coordinateur DD.
  • Création et diffusion par les éco-délégués d’un sondage diagnostic sur les besoins des élèves dans leur cour de récréation mais aussi sur leurs connaissances en matière de biomimétisme et sur le potentiel du vivant (par les éco-délégués) : possibilité de retrouver l’ensemble du questionnaire à cette adresse.
  • Le diagnostic a été complété de manière anonyme par plus de 500 élèves de chaque niveau de la 6e à la Terminale. Résultats : Besoin majeur identifié par une majorité de sondés : des abris confortables pour se protéger de la pluie et du soleil. Environ 50% des sondés n’ont jamais entendu parler de biomimétisme. 75% des sondés n’ont pas connaissance de toutes les potentialités du vivant.
  • Création d’un logo par un éco-délégué de 6e. Ce logo sera utilisé pour la communication et sera ajouté sur les polycopiés distribués lors des activités pédagogiques transversales des enseignants.

Phase de concertation (Janvier et février 2023)

  • Création d’un Comité de Pilotage (incluant éco-délégués, membres de la direction, enseignants, personnels d’éducation, parents volontaires, élus). 3 réunions durant l’année 2023.
  • Réunions éco-délégués (mensuelles au collège et lycée) avec le coordinateur DD.
  • Création d’un groupe de discussion des membres du Copil sur la plateforme de l’établissement
  • Elaboration de la stratégie et discussions sur la structure à construire : un abri biomimétique pour s’abriter du soleil et de la pluie dans la cour de récréation en utilisant des matériaux locaux, biodégradables et peu d’énergie.
  • Recherche de partenaires extérieurs (Visite de la Biomim’expo, échanges avec responsables du CEEBIOS)
  • Réunions avec le Pôle culturel de l’établissement pour la préparation de l’éco-festival incluant une exposition des travaux.

Phase de conception et de maquettage de la structure (Mars à Mai 2023)

  • Respect des principes du biomimétisme :
  • S’inspirer de la forme de certains micro-habitats des arbres comme les Sporophores pour construire en arts-plastiques, avec les éco-délégués et à partir de cartons (déchets de l’établissement), un abri pour deux personnes, fixés à un mur de l’établissement au pied duquel les élèves aiment s’asseoir. La forme de l’abri sera donc celle d’un champignon sporophore comme l’amadouvier qui se développe sur les troncs d’arbres en les décomposant. Ces champignons abritent de petits insectes.
  • S’inspirer de la structure même de l’Amadouvier : le biomatériau du chapeau du champignon est composé de 3 couches superposées avec de haut en bas « la croûte », qui est peu poreuse et a une structure dense et relativement uniforme, puis la couche mousseuse, molle et cuireuse : « la chair » et une dernière couche constituée de structures tubulaires creuses orientées parallèlement.
  • S’inspirer de la place du champignon dans l’écosystème : ce champignon utilise du bois mort et des déchets du vivant pour se développer. Des déchets comme les cartons, (de livraison) triés et jetés en abondance dans l’établissement, serviront aussi de matière première, une ressource locale et biodégradable pour construire la structure.
  • Réalisation d’une image 3D du champignon par des élèves de collège à l’aide d’un logiciel en technologie.
  • Construction de deux maquettes en forme d’Amadouvier par unéco-délégué de Seconde et par une éco-déléguée de Terminale à partir de cartons ou de papier.

Phase de sensibilisation au biomimétisme (Mai 2023)

  • Sensibilisation et mobilisation de toute la communauté éducative :
  • Par les éco-délégués à l’oral par le biais d’interventions en classe mais aussi au conseil de classe.
  • Par le comité de pilotage auprès des associations des parents d’élèves et par des communications via des courriels en interne
  • Par les enseignants volontaires à travers des activités pédagogiques dans différentes matières : production d’affiches en espagnol, anglais, allemand et chinois.
  • Conception d’une planche de Bande dessinée par une élève de 2°
  • Réalisation de 2 vidéo-clips : par un groupe de 5 élèves du collège dont une éco-déléguée, et par un groupe de 4éco-délégués du lycée sur le thème du biomimétisme. (Participation au Prix de l’éco-délégué).
  • Conception d’affiches d’information sur le biomimétisme par des élèves de 6e.
  • Présentation du projet biomimétisme lors de la visite du président de l’assemblée parlementaire du conseil de l’Europe dans l’établissement.

Phase de construction de l’abri biomimétique (Mai/juin 2023)

  • Une construction en forme d’amadouvier, d’un diamètre de 2m à la base, a été réalisée par les éco-délégués volontaires sur leur temps libre au cours de plusieurs mercredi après-midi, en autonomie, encadrés par des enseignants volontaires d’Art Plastique et le coordinateur DD.
    Une maquette conçue par une éco-déléguée a servi de modèle. Des cartons ont été découpés et assemblés avec de la colle papier naturelle. Des boîtes d’œufs ont été intercalées pour donner du volume, de la souplesse et de la légèreté à la structure. Pour imperméabiliser, des bandes de toile de jute badigeonnées d’huile de lin naturelle ont été collées,recouvrant toute la création. La forme biomimétique du polypore a été bien respectée et des plaques de cartons ont été agencées en s’inspirant de l’organisation des microplaques calcaires de la coquille compacte de l’ormeau mais aussi de la superposition de couches de l’amadouvier.

Phase d’exposition : Juin 2023

  • Une exposition récapitulant toutes les étapes du projet illustrées de photos, du logo, des affiches réalisées, des posters sur le biomimétisme, la planche originale de BD, les maquettes, les vidéo-clips et la réalisation finale grandeur nature, a été mise en place dans une grande salle dédiée.
    Lors d’une journée banalisée,le 16 juin 2023,les éco-délégués après un discours de présentation à tous les élèves du collège dans la cours, ont commenté l’exposition, classe par classe selon un créneau horaire établi,

Epilogue

La structure biomimétique a été fixée à la rentrée de septembre, exactement à l’emplacement où les élèves aiment s’asseoir mais sont souvent à la merci d’un trop fort ensoleillement quand ils ne sont pas exposés aux précipitations. En plus d’être utile, l’abri a donc permis de prolonger la sensibilisation au biomimétisme.
Cette structure expérimentale qui se voulait éphémère et biodégradable a fini, après quelques semaines, par se déformer en absorbant l’eau des violentes intempéries. Nous avons compris qu’elle ne pouvait pas résister sans armatures plus rigides. La prochaine fois, il faudra penser à tester nos maquettes aux conditions naturelles. Nous avons fini par la déplacer sur un sol nu du parc pour servir d’abri à la biodiversité en attendant sa décomposition complète.

Rédigé par Najib BENARAFA, Professeur de SVT et coordinateur Développement Durable de l’Institution (contact : nbenarafa@jacolombes.com)

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